La parution récente de son dernier livre : ''Lumière d'été, puis vient la nuit.'' est une invitation à parler de Jon Kalman Stefansson et de son roman que j'avais beaucoup beaucoup beaucoup aimé: ''D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds''.
Deux souvenirs très précis me reviennent à l'esprit lorsque je pense à ce roman.
Le premier est, bien sûr, la fin. Le coup de poing magistral. La baffe totalement inattendue.
Sans rien dévoiler, la révélation faite dans les dernières pages du livre nous renvoie à un triste constat. En effet, parfois, tellement absorbés par notre quotidien et nos propres petits malheurs, nous sommes totalement aveugles face à des événements majeurs qui se déroulent sous nos yeux.
→ Ce collègue qui est si fatigué, qui s'absente fréquemment et qui nous place dans une situation compliquée pour effectuer le travail requis, mais qui, secrètement, se bat contre la maladie sans rien en dire. Un peu d'attention pourtant nous permettrait de saisir ce qui se déroule, mais nous n'en faisons rien, pris dans le tumulte de la vie.
→ Ou bien, cette personne qui ne retourne jamais nos invitations, ne participe jamais aux pot-lucks et semble toujours hésiter lorsque l'on planifie une sortie au restaurant. Quel manque de sociabilité pensons-nous! Quand il s'agit parfois d'un problème financier tout simplement.
De retour au livre, ce que nous pensons et comprenons d'une situation se trouve parfois à des années lumière de la réalité. Tentons de ne pas juger trop vite.😉
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Le second élément qui m'avait enchantée dans ce livre porté par une superbe écriture est le rythme auquel évoluent les personnages. La lenteur des processus. Le peu d'importance de l'histoire elle-même finalement en comparaison du développement intérieur des personnages.
J'ai envie de comparer ce ''style'' à celui du génial réalisateur allemand Wim Wenders.
Dans le livre qui lui est consacré par les éditions Ramsay Poche Cinéma, l'écrivain Jérôme Prieur écrit:''Le récit, chez Wim Wenders, aime être disponible. Il prend son temps, sans avoir à justifier de son bon emploi, comme en état de flânerie qui n'empêcherait pas le travail, quel qu'il soit, qui est toujours à accomplir. Même souvent plus que ses héros, le récit sait s'attarder sur un geste, sur un morceau de Chuck Berry, sur un instant de passé qui revient, une rencontre, un regard, sur toute une vie racontée sans bien le savoir en quelques phrases. ''
Tout est dit! 😊