lundi 28 novembre 2016

Terry Waite

Peut-être avez-vous remarqué l'apparition, il y a quelques jours, d'un badge sur le côté de mon blogue :


Professional Reader

Il s'agit d'une communauté de lecteurs (anglophones) que j'ai choisi de rejoindre afin de découvrir de nouveaux auteurs (anglophones).

Le premier livre qui a attiré mon attention l'a fait simplement parce que sa couverture me plaisait. Rien de plus... au départ. 



Il s'est avéré que ce paysage se trouve en Nouvelle Zélande où l'auteur s'est retiré quelques temps afin de colliger mémoires, poèmes et réflexions. 


En découvrant la vie de cet homme, j'ai eu honte d'avoir vécue la mienne sans jamais avoir eu l'occasion de le connaître jusqu'à ce jour et la lecture de son livre. J'ai été soulagée de lire que lui, pour sa part, n'avait pas su pendant longtemps qui était l'Abbé Pierre. Nous étions quittes ! :) 


De retour au texte, j'invite toute personne se sentant pleinement appartenir au monde actuel, à prendre connaissances des réflexions de Terry Waite. Sur un mode empreint d'une grande simplicité, l'auteur abord des thèmes fondamentaux : 
> les croyances; 
>la colère;
>l'empathie; 
>la mort; 
>les relations; 
>la passion. 

Je crois que l'auteur a lui-même eu un grand besoin de prendre le temps de ce bilan et le contenu de ce petit livre aurait donc pu être très personnel, trop intime. Il n'en est rien, car, Terry Waite a ce talent de savoir se placer juste au bon endroit pour que sa présence embellisse notre paysage sans rien en cacher. Son écriture est toute en discrétion et partant de lui au début, il parvient à nous questionner subtilement sans rien brusquer.

Chacun de ses poèmes bénéficie d'un chapitre entier qui tout doucement nous y amène. Rarement la poésie n'aura su ainsi me parler.

Au fil de ma lecture, j'ai remarqué un détail : les corridors. Ils reviennent souvent dans les images partagées par l'auteur : corridor d'une maison de retraite, corridors dans lesquels on s'égare. J'ignore à quoi ressemblait le lieu de sa détention, mais de longs corridors devaient y figurer.

Pour rassembler mes impressions à la lecture de ce livre, un mot me vient à l'esprit : sagesse.

C'est un privilège de pouvoir bénéficier des propos de Terry Waite tranquillement chez nous, de pouvoir les absorber un à un en prenant le temps d'en saisir tout le sens. N'hésitez pas.

D'ici là, je vous en livre un fragment qui m'a particulièrement touchée :



ANGER

Anger rages
Like a consuming fire,
Destroying all
That would impede
Its relentless pathway.

Do not extinguish
The flames totally.
Calm them.
And warm yourself
By the gentle glow
Of the embers.    

vendredi 25 novembre 2016

Peinture, littérature & LUI !

Je viens de refermer « L'ombre de nos nuits » de Gaëlle Josse,


un titre repéré il y a quelques temps chez Ritournelle

C'est beau ! Mais, je sais déjà que c'est sans doute beaucoup plus beau encore que ça. Pour l'instant, je trouve ce livre beau comme on trouve belle une peinture dans la salle d'un musée en passant devant. On s'arrête quelques instants : « oui, vraiment, c'est beau » et l'on passe au tableau suivant. Si vous êtes comme moi, vous enfilez ainsi les salles et, à la fin seulement, vous revenez vers une oeuvre, l'oeuvre qui vous a le plus saisie pour lui offrir un peu plus de votre temps. 

C'est ce que je m'apprête à faire avec le livre de Gaëlle Josse au moment d'en débuter une seconde lecture. Celle-ci sera plus précise que la première au cours de laquelle j'étais pressée de tourner les pages, curieuse de connaître l'issue de l'histoire du tableau de George de la Tour, 



curieuse de savoir comment se terminait l'histoire d'amour de celle qui écoute en boucle Léonard Cohen.

mardi 22 novembre 2016

Salut mon roi mongol !

Dans quelques jours, Théo sera sur le plateau du tournage du nouveau film de Luc Picard : Les rois mongols. Afin de préparer avec lui la scène à laquelle il participe, j'ai décidé de lire le livre de Nicole Bélanger dont est tiré le scénario.


J'avais déjà une grande admiration pour Luc Picard, mais je lui suis de plus désormais redevable de m'avoir fait découvrir ce petit bijou de la littérature québécoise. 

En résumé, quatre enfants d'Hochelaga vivent leur propre « Crise d'Octobre » en kidnappant une grand-mère alors que se déroule parallèlement les événements que l'on sait. Quoique ! Sait-on vraiment ? Tout le monde ? Un bref rappel historique ne peut pas faire de mal.  



Lundi 5 octobre


James Richard Cross, attaché commercial de la Grande-Bretagne à Montréal, est enlevé à son domicile de Montréal par quatre membres de la cellule Libération.

Le FLQ laisse 48 heures au gouvernement pour qu’il se conforme à ses exigences.

Mercredi 7 octobre

L’ultimatum de 48 heures laissé par le FLQ arrive à échéance. Le FLQ laisse un autre 24 heures aux autorités. 

Jeudi 8 octobre

Le deuxième délai accordé par le FLQ expire. Une autre échéance est donnée : minuit le jour même. 

Samedi 10 octobre

En direct à la télévision, Jérôme Choquette, ministre québécois de la Justice, annonce que le gouvernement n’acquiescera pas aux demandes du FLQ.

Plus tard dans la soirée, le ministre québécois du Travail et de l’Immigration Pierre Laporte est enlevé chez lui par un autre sous-groupe du FLQ, la cellule Chénier. 

Dimanche 11 octobre

Le FLQ laisse au gouvernement jusqu’à 22h pour qu’il se soumette à ses demandes.

Cinq minutes avant la fin de l’ultimatum, Robert Bourassa annonce son intention de négocier avec le FLQ.

Mardi 13 octobre

À la demande des ministres fédéraux, l’armée s’installe sur la colline Parlementaire à Ottawa.

Jeudi 15 octobre

Le gouvernement du Québec demande l’aide de l’armée canadienne. Plus de 8 000 soldats s’installent autour des édifices importants de la province.

Vendredi 16 octobre

À la demande du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal, la Loi sur les mesures de guerre est proclamée par le gouvernement fédéral.

Samedi 17 octobre

On trouve le corps de Pierre Laporte dans le coffre d'une voiture.

Selon le rapport du médecin légiste, l’homme est mort asphyxié, peut-être étranglé avec la petite chaîne qu’il portait alors autour du cou.

Mercredi 25 novembre

Après près d’un mois de filatures, la police découvre le lieu de séquestration de James Cross.

Mercredi 3 décembre

La police s’entend avec les ravisseurs après de longues négociations. 

James Cross est finalement libéré, après 60 jours de détention.


Équilibrant parfaitement les clins d'oeil à l'Histoire, la description de familles défavorisés dans le Québec des années 70 et une histoire d'amour, d'amitié et d'émancipation entre des enfants aussi tendres que farouches, Nicole Bélanger nous fait rire, pleurer et aimer le Québec. Faisant parler Manon, la « boss de la gang » du haut de ses 13 ans, ce roman touche, bouleverse, instruit, explique, questionne, dénonce. Dans un pays trop souvent dissimulé derrière le « politiquement correct », l'authenticité du discours que Nicole Bélanger place dans la bouche de Manon fait plaisir à entendre, rassure, encourage.

Ce n'est assurément pas un hasard si Luc Picard choisit de porter à l'écran ce livre-là. Vous le lirez peut-être, vous verrez aussi sans doute le film, mais, au cas où, en voici tout de suite quelques extraits : 

« ... je me suis avancée dans l'allée centrale, jusqu'au tabernacle, où apparemment Dieu se trouve. Arrivée devant l'autel, je lui ai dit : « Salut ! », mais je n'ai pas fait de génuflexion. Ce n'est pas que je répugnais à m'abaisser devant lui, mais c'est le genre de chose, les génuflexions et autres simagrées, qu'on fait uniquement, et je le pense encore, pour prouver aux autres chrétiens qu'on est bon chrétien. On peut trouver que Dieu manque parfois de discernement, mais je reste convaincue qu'il ne juge pas notre foi sur la souplesse de nos articulations. En tout cas... »

« ...

- T'es pas tanné, toi, d'être petit... de jamais avoir le droit de rien dire pis de rien faire ?... T'es pas tanné d'être pauvre pis de jamais rien avoir... Moi chu ben écoeurée ! C'est tellement pas juste ! Tellement pas juste !

Mon cousin s'est approché, timidement, et s'est assis à mes côtés, sans me toucher ni me regarder. D'une main il se gratouillait la tête, tandis que de l'autre, il repoussait des maringouins imaginaires.

- Pleure pas, Manon, pleure pu !

Hésitante et maladroite, sa main s'est finalement avancée près de mon visage pour écraser des larmes qui perlaient sur le bord de mes cils. J'aurais voulu, même si ce n'était que lui, qu'il me serre dans ses bras. Doucement. Qu'il me berce, et que je m'endorme pour l'éternité. Je me sentais fatiguée.

- Pleure pu Manon. T'es pas belle quand tu pleures !

-J'pleure pas pour être belle, j'pleure parce que j'en peux pu, Martin. J'en peux pu !

-Arrête, Manon ! Arrête !

Il ne pouvait pas supporter de me voir pleurer. Ça lui faisait mal. Parce que tout ça c'était vrai et qu'on ne pouvait rien faire pour y changer quoi que ce soit. »


« Tout cela s'est passé à une époque pas si lointaine qu'on a appelée la Révolution tranquille. C'était tellement tranquille qu'on ne s'est pas aperçu tout de suite qu'il y avait une révolution. »

samedi 19 novembre 2016

New York, New York !

Je connais peu les États-Unis... un peu le Vermont... un peu le Maine... mais surtout, surtout, surtout... NEW YORK !


Avant de me rendre à New York, je ne pensais pas que l'on pouvait avoir un coup de foudre pour... une ville ! Et pourtant, c'est bel et bien ce qui s'est produit. Ce que l'on ressent lorsque l'on déambule dans les rues de New York est extrêmement difficile à exprimer, même si chaque interaction avec une ou un new yorkais renforce ce sentiment de... comment dire... d'INTENSITÉ NATURELLE. Oui, je crois que c'est ça, tout simplement, New York semble dire à chaque coin de rue : « Vous trouvez que je suis exceptionnelle, vraiment ? Oh, vous savez, je suis comme ça, c'est tout, profitez-en et ne vous posez pas plus de questions. Faites comme moi : vivez ! » Et les gens de tous milieux et horizons (vigile de chez Macy, cinéastes, voisine de voyage dans le métro, musiciens,...) que j'ai rencontrés là-bas sont pareils : immenses et modestes à la fois, les deux aspects étant parfaitement balancés. Cela confère une sorte de nonchalance à l'ensemble de la ville, une savoureuse force tranquille.


Il est vrai que rares sont les villes où l'on peut, un matin, en levant le nez, voir un funambule marcher entre deux tours ! C'est ce moment de grâce orchestré par le français Philippe Petit qui est au centre du film de Robert Zemeckis The Walk et qui sert également de fil conducteur au livre de Colum McCann Let The Great World Spin.

Alors que je ne conseille généralement pas du tout de voir un livre et son adaptation, je vous suggère grandement ici de vous offrir ce duo film + livre, car bien que l'événement central soit similaire, les deux choses sont totalement différentes, complémentaires et très réussies.


Et c'est dans le livre de Colum McCann que j'ai finalement trouvé ce petit quelque chose qui explique en grande partie le sentiment que j'éprouve dans les rues de New York, cette sensation de vivre pleinement le moment présent.


The city lived in a sort of everyday present... and so do I ! 
  

lundi 14 novembre 2016

Soleil et coquelicots

Bon, bon, bon... Il y a eu l'élection de Donald Trump... puis le souvenir des attentats de Paris... et maintenant la grisaille va prendre ses aises pour les quelques prochains mois. Pour un peu, on aurait tendance à déprimer. 

Le moment est donc idéal pour vous parler de soleil et de coquelicots.

Un peu de soleil tout d'abord avec ce véritable coup de coeur pour Meklit Hadero


Et ma collection de coquelicots dont je vous livrerai par-ci, par-là quelques échantillons. J'adore les coquelicots, le mélange de fragilité et de passion qu'ils représentent. Je ne les cueille jamais bien sûr pour leur laisser un maximum de chance de se reproduire et d'envahir la terre entière, mais... je les collectionne ! 

Voici donc quelques « specimens » glanés au gré de mes navigations. 



  

dimanche 13 novembre 2016

dimanche 6 novembre 2016

Fin de semaine irlandaise

Par le plus grand des hasards, l'Irlande s'est invitée dans mes activités de ces derniers jours et ce pour mon plus grand bonheur. Tout a commencé par cette photo de mon ami Gérard qui a été figurant pour le film « Brooklyn » adapté du livre de... Colm Toibin



Gérard m'avait précisé que « sa » scène se trouvait au début du film, j'ai donc commencé à visionner le film dans le seul but de le repérer et... j'ai été jusqu'au bout, envoûtée par Saoirse Ronan. L'histoire est simple, mais comme toujours chez Colm Toibin, la magie se situe dans les détails du quotidien, dans la subtilité à communiquer les petites nuances qui importent et font de chaque vie une destinée unique. Le réalisateur John Crowley et son équipe ont effectué un travail remarquable, car j'ai retrouvé dans le film cette acuité du regard envers ce qui constitue « l'univers » de chaque être. Un cinéma empli d'humanité, de « vécu » comme les livres de Colm Toibin. Voir ce film est un simple et doux moment à s'offrir. N'hésitez pas.


Plus tard, je poursuivais tranquillement ma lecture du moment : Let the great world spin de Colum Mc Cann. Certes, le nom de l'auteur aurait pu me mettre la puce à l'oreille, mais... ayant choisi le livre pour une toute autre raison (New York !), je n'avais pas fait de lien avec... l'Irlande ! C'est en retrouvant ce talent à décrire les infimes pensées et sensations qui meublent nos jours que j'ai commencé à me demander s'il n'y avait pas un lien entre cet auteur et mon cher Colm Toibin...



Imaginez ! Dans l'une des histoires de ce livre, Colum Mc Cann parle pendant plusieurs pages des... ordinateurs et des hackers. Voici quelque chose qui sonne vraiment très ennuyant, non ? D'autant plus qu'il s'agit dans l'histoire d'un programme servant à compter les morts sur le champs de bataille !!!! Cela aurait bien pu, dans un autre cas, être une bonne raison de mettre ce livre de côté. Ici, la magie opère... doublement. Non seulement, l'écriture remarquable de Colum Mc Cann rend le passage intéressant et émouvant, mais il incite en même temps à une réflexion sur l'inimaginable perfection, l'incommensurable capacité et l'infinie utilité des ordinateurs. À une heure où l'on s'interroge sur nos « addictions » aux écrans (je parlais moi-même dans un précédent article de ma vie « hors ordi » ! ), se souvenir de l'apport de l'informatique dans nos existences est bienvenu afin de trouver le juste équilibre dans ce domaine.

Alors que je lisais, une douce odeur m'est parvenue depuis la cuisine où Jean-Jacques commençait à préparer le repas du soir : « Mmmmmmm, ça sent vraiment bon, c'est quoi ? Un stew irlandais ! Avec la pluie dehors, j'ai eu envie d'un plat réconfortant. »



Et de 3 ! L'Irlande était donc une invitée totalement inattendue chez nous cette fin de semaine, mais quelle bonne surprise !