Je disais récemment que les livres me choisissent plus que le contraire et ici encore avec ce titre, cela se confirme. Choisi initialement pour répondre aux deux premiers challenges auxquels je participe :
il s'est avéré que, dans ce roman, le personnage principal écrit plusieurs lettres à un moine pour tenter de comprendre la mort d'un homme. Ce titre me permet donc de poursuivre également mon troisième challenge :
et
(Colonne Objet de ma deuxième ligne)
Mais, les choses vont au-delà de ça, car ce livre est aussi (par le plus grand des hasards puisque je ne lis pas les résumés avant de commencer mes lectures) une poursuite du thème qui s'est imposé à moi de lui-même au fil de mes dernières lectures : l'art en littérature.
Ici, c'est de sculpture dont il est question puisque le personnage central n'est nul autre que Michelangelo, LE Michelangelo de Rome !
Autre coïncidence amusante, le fait que Léonor de Recondo structure son roman autour du souvenir et de la mémoire qui se manifestent à travers les 5 sens.
Dans le sable creusé par la mer,
L'enfant de ses mains douces
A déterré le coquillage.
L'approchant de son oreille,
Il espère retenir les vagues
et récolte l'écume d'un parfum.
Alors que ses pas le mènent
Au coeur de la montagne,
Il se laisse surprendre par Écho
Qui, la gorge déployée,
Lui offre le chant du parfum :
Le rire de l'iris.
Du haut de son perchoir,
Il tombe sur le sol de son enfance.
La main si délicate
Lui parle d'aromates et d'amour.
Il l'entend, la sent, la goûte.
Quand la verra-t-il ?
L'enfant porté par sa joie
Dévale le chemin de pierres,
Il y abandonne peurs et jouets
Pour plonger dans l'étreinte chaude
De la robe adorée qui grave sur sa joue
Ses arabesques brodées.
La chevelure de pluie s'est défaite.
De l'orage naît l'espoir infini
D'un amour retrouvé
Qui s'arrache de l'oubli
Pour ressusciter la mémoire de l'enfant
Dans le coeur de l'homme.
Or, le souvenir et la mémoire sont actuellement dans mes préoccupations avec la lecture (un peu décevante) de Jeux de miroirs d'E.O Chirovici.
J'en viens finalement, après cette longue introduction, à ce roman que j'ai envie de qualifier de « petit bijou ». Je choisis cette appellation en raison de la finesse de ce livre d'une grande poésie.
Un autre mot qui me vient à l'esprit est « perfection » qui s'applique à l'écriture de Léonor de Recondo dont chaque mot est mesuré et vient se placer exactement là où il doit être.
De perfection il est également question au sein même de l'histoire puisque Michelangelo se rend à Carrare pour y trouver les blocs de marbre qui serviront à la réalisation du tombeau du pape Jules II.
Cette lecture m'a donc transportée en Toscane au 16ième siècle; ce fut une douce évasion dont j'aurais souhaité ne pas revenir si vite tant ce fut un moment harmonieux et apaisant.