mardi 6 décembre 2016

New York Stories (1)

Ce livre (reçu de la part de NetGalley) est un recueil de textes ayant pour point commun la ville de New York. Un petit (1) est apparu près du titre de l'article, car je viens de terminer le premier texte : « Bartleby » de Hermann Melville. D'autres numéros suivront au fur et à mesure de ma lecture.



J'ai été ravie de retrouver l'écriture de Melville que j'avais découverte avec Moby Dick. La précision de chaque sentiment, la description de chaque détail, la construction minutieuse d'un univers, tout était là. 

J'ai toutefois trouvé cette lecture un peu ardue et... pesante. Non en raison de l'écriture, mais bien à cause de Bartleby lui-même. Quel étrange personnage ! Qui dans le même temps exaspère et charme tout à la fois. En refermant le livre, je ne savais plus quoi penser de cet homme marginal, entêté et seul. Le sentiment de malaise m'a poursuivie quelques jours et j'ai pensé que Melville avait voulu (ce qui était vraiment courageux pour l'époque) parler de maladie mentale. Pour moi, Bartleby était finalement une sorte de schizophrène. 

Cependant, la référence à la toute fin du récit au Dead Letter Office m'a mis la puce à l'oreille. Ne s'agissait-il pas plutôt de dénoncer un système sociétal ? De pointer du doigt les dommages causés par certains emplois sur l'être humain ?



J'ai alors effectué quelques recherches et voici ce que j'ai découvert.    

Bartleby serait en effet une illustration de la théorie de « l'antipouvoir » qui s'articule autour de la stratégie de la fuite selon laquelle il faut combattre l'État indirectement plutôt que de manière frontal. 



Par ailleurs, Bartleby aurait grandement inspiré le mouvement littéraire de l'absurde (qui a vu le jour au cours de la seconde guerre mondiale) dont fait partie l'inoubliable livre de Camus : « L'étranger ». Et oui, en effet, le silence dans lequel se mure Bartleby a de nombreux points communs avec celui qui enveloppe Meursault dans le livre de Camus. 

Au moment de la rédaction de sa nouvelle en 1853, Melville était donc vraiment en avance sur son temps !