mardi 26 mars 2019

Trois chevaux d'Erri De Luca

C'est le deuxième roman d'Erri De Luca que je lis. Le précédent avait été « Le jour avant le bonheur ». 

Je n'avais alors pas écrit de billet, car... je ne savais pas vraiment comment parler de ma lecture. Et c'est exactement la même chose aujourd'hui! 

Toutefois, même des années après, des images de ce précédent roman me reviennent à l'esprit. Et je suis prête à parier que ce sera la même chose avec celui-ci.


C'est un peu étrange et complexe à expliquer, mais on dirait que les livres d'Erri De Luca me parlent et me touchent, mais qu'il y a comme un refus, un blocage de les laisser me bouleverser. Et pourtant, ils sont intenses, si forts qu'ils en deviennent presque douloureux. Sans pourtant être étrangers à l'idée de bonheur. Mais un bonheur "sous conditions".

Ce dernier point est peut-être le noeud du problème entre Erri De Luca et moi. La maturité. Je crois que peut-être au fond de moi, je sais qu'il a raison, mais je ne me résous pas à l'admettre. Je veux conserver encore... pour quelques années... cette idée du bonheur "simple" sans concessions.

Pourtant, je sais les compromis, je sais les ajustements, je sais les renoncements que comporte la vie d'adulte. Mais, lire tout ceci de manière aussi limpide dans les livres de De Luca est peut-être un peu trop exigeant pour moi... pour le moment. 

Du coup, je me ferme. Ou plutôt, je me détourne, mais la voix de cet auteur est forte et se fraye toujours un chemin jusqu'à moi.


Painting by Fulati Tayierjiang

« Elle a une robe étroite qui suit toutes les lignes de son corps et un pull de laine blanche comme une floraison d'amandier. »

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Cette lecture me permet de compléter la colonne ANIMAL 
de ma première ligne du challenge d'Enna.

vendredi 15 mars 2019

Canines d'Anne Wiazemski

J'ai choisi de lire ce roman dans le cadre du



dont je complète ainsi la colonne PARTIE DU CORPS de ma première ligne.



J'ai envie de qualifier ce livre de « roman spécialisé ». En effet, l'auteure nous convie au coeur d'une pièce de théâtre en gestation, depuis la constitution de la troupe jusqu'à la première en ouverture du festival d'Avignon. On se trouve au beau milieu de ces êtres qui tentent de s'effacer peu à peu pour laisser place à leur personnage. La frontière entre ces deux aspects d'eux-mêmes demeurant parfois des plus floues.



Contrairement à ce que je fais généralement, j'ai envie ici de commencer par deux citations relevées en cours de lecture.

Page 294

« Il voyait ses deux actrices s'approcher de ce qu'il avait rêvé, cette absolue fragilité du jeu qui donnait au spectacteur le sentiment de surprendre le partie cachée de leur être et, pourquoi pas, de leur voler leur secret.»


Page 311


« Ce spectacle, c'est moi, poursuivait Lucerne. C'est mon coeur déchiré, mis à nu, jeté en pâture. Je ne supporte pas ça. Maintenant que j'ai vu mon spectacle, je voudrais le détruitre ! »



Qu'en pensez-vous ? 

J'avoue que je suis partagée. C'est sublime n'est-ce pas? Et en même temps, on sent tellement la mise en danger à laquelle s'exposent les gens de théâtre, les « tortures » qu'ils s'imposent à eux-mêmes. J'emploie volontairement le mot « torture » comme on l'entend dans l'expression « un metteur en scène torturé », expression qui bien souvent résonne comme un compliment, un label de qualité, une valeur ajoutée.  

On parle ici de théâtre, mais on retrouve aussi cet « acharnement » dans la danse. Et je ne peux m'empêcher de trouver tout de même un aspect «sado-masochiste» à ces démarches artistiques. 

Anne Wiazemski et Jean-Luc Godard en Avignon
Alors oui, c'est à la fois immense, grand, magnifique, mais aussi un peu, à mon sens, irrationnel et insensé, voire inhumain.

En résumé, ce livre est passionnant et j'ai aimé l'immersion dans le monde du théâtre qu'il permet, mais ce n'est, pour moi, absolument pas une invitation à admirer et respecter les gens de théâtre. Au contraire, par moment, j'ai trouvé Lucerne le metteur en scène vraiment pathétique.

Et le cinéma dans tout ça? Même combat? Je ne crois pas... mais c'est un autre débat.

samedi 9 mars 2019

Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar d'Antoine Choplin

J'ai retrouvé dans ce livre les éléments que j'avais déjà beaucoup aimés dans Le héron de Guernica, le précédent livre d'Antoine Choplin que j'avais lu, à savoir:


*cette manière de raconter les petites histoires de la grande Histoire;
*cette utilisation de l'art (ici la photographie remplace la peinture que l'on trouvait dans Le Héron de Guernica) faite par les "témoins", des êtres aux yeux grands ouverts;
*cette approche de la solitude comme une condition agréable permettant l'éveil d'une sensibilité particulière (ou en étant la conséquence?).

Malgré tout ce qui précède, je n'ai pas totalement retrouvé la "voix" d'Antoine Choplin qui m'avait tant séduite dans Le héron de Guernica. Pourquoi ? Je ne saurai pas trop le dire... Pas de petite musique poétique cette fois-ci, ou bien je n'ai pas su l'entendre.

Cela ne m'a toutefois pas empêchée d'apprécier grandement ma lecture puisque la grande Histoire évoquée ici est celle de Vaclav Havel. 


J'ai choisi cette photo car, dans le livre, c'est Tomas qui la prend!
Une vague de nostalgie m'a submergée au fil des pages alors que je redécouvrais la vie de cet homme que j'ai tant admiré. Cet homme qui a, pendant de nombreuses années, représenté tous mes idéaux et dont les paroles et les actes m'ont toujours semblé d'une grande justesse et empreints d'un humanisme qui fait tant défaut à notre monde.


                                       Cette lecture me permet de compléter la colonne PRÉNOM de ma première ligne du Petit Bac 2019 chez Anne :