vendredi 2 juin 2023

Sénégal

Je suis au Sénégal, à Dakar.

Ce soir, en raison de violentes émeutes, les réseaux sociaux sont désactivés dans tout le pays.

Cela me donne l'occasion de revenir par ici, ce qe je souhaitais faire depuis plusieurs mois déjà, mais l'occasion ne s'était pas présentée. Elle se présente ce soir. 😊

Comme à chaque fois que j'arrive dans un nouveau pays, je lis un ou plusieurs auteurs locaux et j'ai donc commencé ici il y a quelques semaines la lecture de : ''La plus secrète mémoire des hommes'' de Mohamed Mbougar Sarr.


Je ne suis qu'à la moitié du livre, mais je sais déjà que je tiens dans mes mains un livre exceptionnel dont je me souviendrai longtemps et vers lequel je reviendrai souvent. WOW ! Tout me fascine dans ce livre : l'écriture, les propos sur la littérature, l'approche de l'africanité et du colonialisme, l'histoire familiale qui lie tout cela ensemble.

J'essaierai d'en parler plus longuement dans un prochain article, peut-être, on verra. Mais, si vous croisez ce livre, ouvrez-le !

Fidèle à ma tradition de parler d'un peu de tout sur ce blog, je veux aussi partager avec vous cette photo :


Car oui, ici, à Dakar, sur les chantiers, ce sont des chevaux avec des charettes qui transportent les sacs de ciment et les parpaings. Ce sont de très beaux chevaux, très dociles, très bien entrenus et nourris, et cela me fascine tout simplement. 

Quelle excellente idée ! Pas de pollution, pas beaucoup de frais d'entretien, pas plus de bruit que celui des sabots sur le sol, et des situations amusantes quand l'un d'entre eux croise un gros SUV au carrefour ! 😄

Les grandes villes nord-américaines et européennes auraient beaucoup à gagner à s'inspirer de cette façon de faire il me semble.

Et voilà ! C'est tout pour aujourd'hui. Un tout petit retour discret sur fond d'émeutes politiques.

À la prochaine !




samedi 23 avril 2022

Couchés en étoile dans la combustion des jours de Sophie Jeukens



Entre ce recueil de poésie et moi se déroule une histoire un peu singulière.


Lorsque le communiqué de presse m’est parvenu, les mots ci-dessous m’ont tout de suite convaincue de le lire :


 

Dès qu’il est arrivé, je me suis donc jetée dessus et l’ai lu d’une traite (ce qui est très rare pour moi lorsqu’il s’agit de poésie. Je lis généralement un poème, puis lui laisse le temps de grandir en moi pendant plusieurs jours avant de lire le suivant).


Mais en tournant la dernière page, je n’ai pas été totalement séduite. Un petit “quelque chose” me troublait sans que je puisse dire quoi.


Alors je l’ai relu illico, en sens inverse, en commençant par la fin, et… j’ai compris 😊.


Presque chaque poème fonctionne de la même manière : il débute avec de puissantes et extrêmement poétiques lignes, puis une dernière phrase vient conclure le poème, une phrase toute simple, qui rappelle que malgré la poésie, la réalité demeure et peut être crue. 


Je ne sais pas dans quelle mesure cela est délibéré ou pas de la part de la poétesse, mais c’est ainsi que je le perçois et, pour moi, ça ne fonctionne pas ainsi. Lorsque je m’évade dans la poésie, je ne veux pas qu’on me ramène trop vite à la réalité.


Du coup, vous savez quoi?!? Je l’ai relu une troisième fois ! 😄 Mais en omettant de lire les dernières phrases de chaque poème et je me suis régalée. 

J’espère que l’autrice ne m’en voudra pas de cette appropriation. C’est un peu comme acheter un vêtement de marque et le modifier pour se sentir à l’aise en le portant. Désolée. 🙈


Mais bon, je trouve personnellement le résultat de ma relecture “tronquée” très satisfaisant :



Quelle est la phrase que j’ai n’ai pas copiée ici et qui conclut le poème ?


Hé, hé, pour le savoir, il vous faudra lire le recueil ! 😜


C’est aux éditions Ta mère et ça paraîtra très prochainement.


Bonne lecture.

mercredi 22 septembre 2021

Après Céleste de Maude Nepveu-Villeneuve

''Faire son deuil''...  Combien de fois entendons-nous cette expression ? Que signifie-t-elle exactement ? Il serait bien long de répondre à cette question. 

Plutôt que de tenter de le faire et de passer à-côté de bien des éléments, je vous invite tout simplement à lire ''Après Céleste'' de Maude Nepveu-Villeneuve.

                                       

Le deuil dont il est question ici est celui d'une enfant non-née, qui se serait appelée Céleste.

Dans une prose simple et douce, l'auteure dit la douleur, la rage parfois, la dépression, les larmes, etc... 

Mais ce n'est pas ce que l'on retient essentiellement après cette lecture. Non, ce que l'on retient, ce sont tous les petits éléments qui mis bout-à-bout permettent d'aller de l'avant, de survivre à une épreuve, de continuer d'avancer, de reprendre goût à la vie.

Ces éléments seront bien sûr différents pour chacun. Pour Dolorès, le personnage principal de ce roman, ce sont un oiseau blessé, une voisine qui joue aux cartes, une petite fille qui s'ennuie et un village entouré de forêts.

Alors que l'on se concentre sur la ''guérison'', les expériences s'accumulent, des rencontres ont lieu, la vie nous répare à notre insu.

Et, un beau matin, juste comme ça, on va mieux. 😊

Maude Nepveu-Villeneuve a écrit ce livre à propos de ce ''juste comme ça'' (qui parfois prend des mois ou des années). Et c'est une réussite. L'auteure a su décrire en toute simplicité des émotions parfois intenses et confuses. Le deuil est un processus, une traversée. Il n'existe pas de raccourci.

Ou peut-être que si après tout, peut-être que des raccourcis existent. Peut-être. Dans les maisons de Moreau. On dit que certaines d'entre elles sont magiques. 😉


jeudi 5 août 2021

Les enfants de Sal Mal Lane de Ru Freeman

 

J’ai déjà souvent écrit ici (et ailleurs !) que la lecture d'un livre demeure pour moi la meilleure introduction à une culture, un pays, une situation.

Le livre de Ru Freeman joue très bien ce rôle en nous faisant entrer dans les maisons de Sal Mal Lane au Sri Lanka et en nous invitant à jouer avec les enfants (de différents âges) de cette rue qui devient un microcosme reflétant la situation globlale du pays.

Si, comme moi, vous ne savez rien de l’histoire ou de la situation politique du Sri Lanka, alors ce livre est pour vous.

Les tamouls, les cinghalais, les tensions autour de la langue, les troubles et les violences, nous découvrons tout ceci à travers les yeux des enfants et des personnages de Sal Mal Lane :  les anciens, les nouveaux-venus, les familles nombreuses, les célibataires, les personnes éduquées et celles qui le sont moins, les pacifistes et les belliqueux. 

En préparant ce billet, je suis tombée sur cette explication du drapeau du Sri Lanka qui, déjà, montre bien la complexité ethnique de ce pays, avec ses différentes religions et groupes culturels cohabitant.

Ru Freeman nous éduque de bien jolie manière puisque nous n'avons qu'à suivre son écriture entraînante et rythmée, qui m'a rappelé par moment celle d'Arundhati Roy, au fil des pages d'un roman qui se lit avec énormément de facilité.

Revenons un instant sur cette sensation d'un livre dont l'auteure a été grandement marquée et inspirée par Arundhati Roy. Le fait le plus marquant pour expliquer ce sentiment est très certainement le clin d'oeil que l'auteure fait au Dieu des petits riens  en donnant à l'un des enfants (Nihil) la capacité de lire les mots à l'envers comme le font les enfants du livre d'Arundhati Roy. 

Mais, la similitude vient aussi assurément du fait des descriptions  minutieuses des choses de la vie quotidienne, avec tous ces petits détails qui rendent les moindres éléments tellement vivants. 

Après avoir tourné la dernière page de ce livre, on sent comme un vide, au moment de quitter tous ces gens qui, bien plus que de simples personnages de papier, sont devenus au fil du récit tels nos propres voisins, notre propre famille.





jeudi 7 janvier 2021

Solitude

La solitude a de multiples visages. 

Il y a celle que l'on ressent même au milieu d'une foule, ou bien celle qui peut rendre momentanément folle ou fou, ou encore celle qui fait du bien, celle qui devient notre alliée face au tumulte de la vie.

La solitude peut être d'une cruauté infinie, mais elle peut aussi être superbe.

Et il nous faut bien sûr faire la différence entre la solitude choisie et celle qui est imposée. Et parfois aussi, celle que l'on s'impose à soi-même... 

Je n'ai pas choisi ce thème de la solitude par hasard bien entendu, mais plutôt parce-que j'ai constaté qu'il avait été présent dans plusieurs de mes lectures de l'année passée (dont une partie s'est déroulée, pour celles et ceux qui ne le savent pas déjà, dans un chalet isolé en forêt. C'était mon choix et ce fut merveilleux durant plusieurs mois, mais les dernières semaines ont été horriblement difficiles.) 

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Je souhaite mentionner en premier ''Là où chantent les écrevisses'' de Delia Owens.

Je choisis la couverture en anglais, car c'est la langue dans laquelle j'ai lu ce livre 
et aussi parce-qu'elle est très jolie je trouve.

Selon le principe de mémoire que j'ai décrit dans une précédente publication, voici de quoi parle ce livre: 

pour des raisons familiales, une enfant se retrouve à vivre seule dans un marais. Elle va apprendre à survivre, absolument seule, dans ce milieu hostile. Elle va aussi découvrir que l'hostilité provient bien plus souvent des hommes que de la nature elle-même. 

La façon dont elle découvre et apprivoise son milieu de vie est merveilleuse. 

J'ai moins aimé la seconde partie du livre lorsqu'elle revient à une vie plus ''civilisée'', publie un livre, etc... La partie dans le marais est ce qui fait le livre et cette seconde partie m'a semblé bien fade après les descriptions magiques des brumes et animaux de ce milieu au sein duquel la jeune enfant trouve réconfort. 

J'ai lu ce livre alors que je me trouvais dans le chalet et me rendais chaque jour dans les bois et près du lac. L'identification avec certaines scènes a été totale.

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Vers la fin de mon séjour au chalet, l'excellent livre de Gail Honeyman: ''Eleanor Oliphant is completely fine'' que j'avais lu quelques mois plus tôt m'est revenu en tête :   


Je ne dirai que très peu de choses de ce livre, car je ne voudrais pas priver ses futurs lecteurs de la prouesse qu'il représente. 

Toutefois, je tiens à signaler qu'il contient les lignes les plus tristes que j'ai jamais lues de toute mon existence. 

La scène au cours de laquelle Eleanor tente de remédier à sa solitude en fermant les yeux et en prenant l'une de ses propres mains dans son autre main pour ''sentir'' ce que cela fait lorsque quelqu'un nous tient la main vient encore me tirer des larmes aujourd'hui alors que j'écris ce billet.

C'est ce type de solitude que j'ai ressentie lors des derniers jours au chalet. Lieu qui a su me combler pendant tant de mois pourtant. Je crois juste que la solitude est indissociable d'un certain dosage qu'il faut savoir respecter.

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Enfin, le dernier titre que je souhaite mentionner est un livre que j'ai choisi pour son auteure Emma Hooper dont j'avais adoré le précédent livre: ''Etta and Otto and Russell and James.''


Celui-ci s'appelle ''Our homesick songs'' et conte l'histoire d'une famille d'insulaires qui voient peu à peu leur île se dépeupler et tentent de rester le plus longtemps possible sur place. Les parents partent à tour de rôle sur le continent. Les enfants tentent de tuer l'ennui et le personnage de la fille m'avait beaucoup touchée, car elle trouve refuge dans l'imagination et se rend dans les maisons vides pour y créer des décors de différents pays. C'est absolument fabuleux!
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Je ne souffre pas de la solitude ces derniers temps 
et cela m'apporte une paix que je savoure. 

Aussi, après un message que je constate très ego-centré, 
je tiens à ouvrir ici mon coeur 
à toutes celles et ceux qui se sentent seul(e)s. 

N'hésitez pas! Appelez-moi! Écrivez-moi! Dérangez-moi! 

💓💓💓

mercredi 23 septembre 2020

''D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds'' de Jon Kalman Stefansson.

La parution récente de son dernier livre : ''Lumière d'été, puis vient la nuit.'' est une invitation à parler de Jon Kalman Stefansson et de son roman que j'avais beaucoup beaucoup beaucoup aimé: ''D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds''.


Deux souvenirs très précis me reviennent à l'esprit lorsque je pense à ce roman.

Le premier est, bien sûr, la fin. Le coup de poing magistral. La baffe totalement inattendue.

Sans rien dévoiler, la révélation faite dans les dernières pages du livre nous renvoie à un triste constat. En effet, parfois, tellement absorbés par notre quotidien et nos propres petits malheurs, nous sommes totalement aveugles face à des événements majeurs qui se déroulent sous nos yeux.

→ Ce collègue qui est si fatigué, qui s'absente fréquemment et qui nous place dans une situation compliquée pour effectuer le travail requis, mais qui, secrètement, se bat contre la maladie sans rien en dire. Un peu d'attention pourtant nous permettrait de saisir ce qui se déroule, mais nous n'en faisons rien, pris dans le tumulte de la vie.

→ Ou bien, cette personne qui ne retourne jamais nos invitations, ne participe jamais aux pot-lucks et semble toujours hésiter lorsque l'on planifie une sortie au restaurant. Quel manque de sociabilité pensons-nous! Quand il s'agit parfois d'un problème financier tout simplement.

De retour au livre, ce que nous pensons et comprenons d'une situation se trouve parfois à des années lumière de la réalité. Tentons de ne pas juger trop vite.😉

***

Le second élément qui m'avait enchantée dans ce livre porté par une superbe écriture est le rythme auquel évoluent les personnages. La lenteur des processus. Le peu d'importance de l'histoire elle-même finalement en comparaison du développement intérieur des personnages. 

J'ai envie de comparer ce ''style'' à celui du génial réalisateur allemand Wim Wenders. 


Dans le livre qui lui est consacré par les éditions Ramsay Poche Cinéma, l'écrivain Jérôme Prieur écrit:
''Le récit, chez Wim Wenders, aime être disponible. Il prend son temps, sans avoir à justifier de son bon emploi, comme en état de flânerie qui n'empêcherait pas le travail, quel qu'il soit, qui est toujours à accomplir. Même souvent plus que ses héros, le récit sait s'attarder sur un geste, sur un morceau de Chuck Berry, sur un instant de passé qui revient, une rencontre, un regard, sur toute une vie racontée sans bien le savoir en quelques phrases. ''

Tout est dit! 😊



samedi 19 septembre 2020

Que reste-t-il?

De toutes ces pages lues, de tous ces personnages rencontrés au fil des pages, de toutes ces idées mises en mots, de toutes ces émotions éprouvées, que reste-t-il après quelque temps?

Un ami étudiant en littérature me questionnait tout récemment sur la raison d'être d'une lecture si celle-ci ne mène pas au minimum à une analyse pour soi-même et mieux encore à une recension, à un partage avec d'autres.

La réponse du simple plaisir, immédiat et souvent éphémère, toute épicurienne et satisfaisante soit-elle au premier abord laisse cependant un goût d'inachevé, une sensation d'incomplétude.

L'on sait aussi (pour l'avoir expérimenté à quelques reprises) que l'excès et le caractère systématique des ''critiques'' après lecture peut amoindrir et voire anéantir (temporairement!) le désir de lire et/ou d'écrire. Quoi de plus triste que cela?


Quelques-uns de mes livres dans mon ''Walden'' de Colombie-Britannique :)

Ce long préambule a pour objet d'introduire une nouvelle ''technique'' bloguesque consistant à parler des livres seulement quelques jours, semaines, mois après les avoir refermés.

Qu'en reste-t-il? Qu'avons-nous retenu? Quels sentiments demeurent? Quels sont les histoires qui subsistent? Quels mots font trace? Quelles situations? Quels concepts? Quelles émotions? Qui? Quoi?

A venir donc, des retours sur les livres qui ont traversé ma vie dernièrement. S'y sont-ils arrêtés? Pour quelques heures seulement ou pour l'éternité? L'exercice promet d'être intéressant! 😊